Contrats miniers en Asie du Sud-Est

Cet espace collaboratif de recherche cible les enjeux juridiques et les tensions en termes de justice de la nouvelle économie politique de la mine en Asie du Sud-Est. En effet, le re-développement des mines y répond à la « faim de métal » de l’économie chinoise au début des années 2000. Porteur d’enjeux stratégiques, géopolitiques et politiques inédits, le contexte industriel et contractuel minier régional se transforme rapidement. Le sujet sera notamment éclairé par le renouveau de l’extraction minière malaisienne, sur lequel la littérature économique comme les statistiques publiques se sont totalement raréfiées au cours des dernières décennies, alors que montent des interrogations écologiques à l’échelle du pays. Celles-ci sont semble-t-il favorisées par l’alternance politique de mai 2018 et par de nouvelles orientations doctrinales de l’islam malaisien. Cet exemple permet aussi de penser de manière prospective l’évolution de la part extractive du capitalisme en lien avec le tournant écologique global, et les potentiels conflits distributifs qui seront amenés à s’opérer au sein de l’industrie minière, notamment entre ses acteurs nationaux et étrangers. Comme en Malaisie, l’entrée des questions environnementales dans le droit international, dans les débats publics, comme dans les outils nationaux de planification économique va-t-elle redistribuer profondément les cartes d’un des pans les plus anciens du capitalisme en Asie du Sud-Est ? 

Les industries extractives minières, prises entre transition écologique et investissements chinois, seront abordées par le biais 

  • des contrats miniers ;
  • des acteurs industriels (nouvelles entreprises multinationales ; anciens industriels locaux et étrangers) ;
  • des acteurs publics locaux (élus ; administration en charge des investissements et leurs cahiers de charges) ;
  • des parties prenantes politiques plus récentes (ONG, partis d’opposition et société civile) soulevant de manière inédite la question de l’acceptabilité sociale de ces activités en contexte sud-est asiatique plus ou moins autoritaire. 

Objectifs :

  1. Rendre lisibilité et visibilité à un certain nombre d’évolutions contractuelles, juridiques et économiques ultra-contemporaines dont on pense qu’elles présentent un caractère cohérent et précurseur, actuellement très peu étudiées ;
  2. Favoriser, par la construction d’une vue d’ensemble et la mise en évidence de tendances une forme plus savante de connaissance d’elles-mêmes de ces sociétés de digital natives, les autorités politiques locales parfois mal informées, mais aussi par les entreprises impliquées dans le secteur, les ONG environnementales ou de défense des droits de populations indigènes, etc. ;
  3. Articuler cette étude sectorielle et thématique à celle de l’influence normative croissante de la Chine en Asie du Sud-Est (INR Asean-China-Norms, CNRS, 2019-2023) ;
  4. Arrimer l’Asie du Sud-Est à la création d’une école doctorale thématique internationale (droit, économie politique, géographie, anthropologie) sur les industries extractives 

Responsable : Elsa Lafaye de Micheaux