1 . Qu’est ce qu’un “fablab” ?

Un fab-lab ? Fabriquer soi-même ce dont on a besoin, réparer, au lieu de consommer des objets que l’on jette au moindre dysfonctionnement : tel est le programme des FabLabs, nés au début des années 2000 au MIT grâce au physicien Neil Gershenfeld qui réalise un programme politique et scientifique d’empowerment : « il s’agit de créer plutôt que de consommer ».

Voir une courte vidéo sur les fablab : https://vimeo.com/7819076

La technologie -la technique- est pensée non plus comme un instrument neutre ou un instrument d’aliénation mais comme un instrument d’émancipation du sujet et des collectifs :« La disparition des outils de notre horizon éducatif est le premier pas sur la voie de l’ignorance totale du monde d’artefacts dans lequel nous vivons, Ce que les gens ordinaires fabriquaient hier, aujourd’hui, ils l’achètent ; et ce qu’ils réparaient eux-mêmes, ils le remplacent intégralement. » explique Matthew B. Crawford dans Éloge du carburateur (La Découverte).

2 . Qu’est ce qu’un “fablab-lex”, une fabrique du droit ?

Un fablab lex est un fablab dédié a la fabrication du droit.

Une approche du droit fondée sur son effectivité, son impact social -et non plus des categories abstraites ayant notament pour fonction de ne pas s’appliquer- oblige à repenser sa pratique et sa théorie. La revolution du rapport au savoir initié par les fablab peut alors s’appliquer au droit : « Retour aux fondamentaux, donc. La caisse du moteur est fêlée, on voit le carburateur. Il est temps de tout démonter et de mettre les mains dans le cambouis… » Matthew B. Crawford Éloge du carburateur (La Découverte).

Cette approche permet de renouveler le rapport aux droit tant des chercheurs que des élèves. Cette révolution est déjà en marche dans le monde du droit qui est bien plus innovant qu’il n’y paraît.

En matière d’enseignement par exemple, un modèle global d’enseignement du droit est en train de naître : à Bordeaux, Paris, mais aussi Oxford, Luxembourg, Tokyo, les cours magistraux des professeurs de droit sont désormais complétés par des enseignements dits innovants à visée plus professionnelle nés en pays de common law :

  • les simulations de l’Ecole Nationale de la Magistrature et les foisonnements des Ecoles des Avocats animés par des magistrats ou des avocats des écoles professionnelles françaises ;
  • les moot cours des grandes universités du monde telle l’Université d’Oxford qui simulent des procès ;
  • les cliniques du droit qui mettent en présence les élèves avec de véritables justiciables
    -l’enseignement transsystémique qui met l’élève en contact avec la pluralité de droits et de systèmes juridiques applicables dans un monde désormais globalisé ;
  • l’enseignement on line qui permet d’organiser toutes sortes de pratiques d’enseignement collaboratives à l’image de ce qu’est devenu le métier de juriste désormais.

La grande force de ce modèle global est d’organiser de multiples interactions cognitives, interpersonnelles et sociales à l’image de la vie professionnelle. Il est alors possible de comprendre comment on « apprend à penser comme un juriste – learning to think like a lawyer ». Et ce en « pratiquant », en « fabriquant », du droit.

Ces pratiques innovantes sont des simulations des situations professionnelles de juristes telles l’audience d’un procès, la consultation par un client, la négociation d’un contrat, etc. Ces pratiques ont en commun de placer l’élève au cœur de l’enseignement en lui donnant les moyens d’être l’acteur d’une situation d’enseignement en « interactions » avec d’autres acteurs en une véritable répétition de la vie professionnelle.

La métaphore du théâtre s’impose. Si comme le pensait le sociologue Erving Goffman la « société est un théâtre » où, pour reprendre l’expression de William Shakespeare, « chacun doit jouer son rôle », quoi de plus naturel pour préparer un élève juriste à y jouer un rôle professionnel que de s’inspirer de la façon dont au théâtre est préparé l’acteur pour jouer c’est-à-dire « incarner » un rôle ?

Ce modèle a été décrit par une recherche collective dirigée par Gilles Lhuilier, financée par la Mission Droit & justice du Ministère de la Justice et réalisée par un consortium rassemblant des chercheurs de la FMSH, l’ESSEC, le CNAM, l’ENS-Rennes, l’Université du Luxembourg, l’Université de Londres, l’école de droit de Rio
de Janeiro, l’Université de Nagoya, etc. disponible at :

3 . Qu’est-ce qu’une fabrique du “droit transnational” ?

Le terme de transnational law – droit transnational- désigne les règles applicables concrètement à toutes les situations juridiques qui dépassent les seules « frontières d’un Etat » .

Le droit transnational est en réalité une nouvelle conception d’un droit qui n’est plus réductible seulement au national ou à l’inter-national mais est désormais constitué d’une multitudes de règles aussi bien d’origine privée que publique mobilisées par la pratique d’acteurs de plus en plus divers telles les entreprises extractives transnationales, les Organisations Non Gouvernementales de droits de l’Homme, les victimes environnementales, etc.

Il se singularise ainsi par le reconnaissance du role de nouveaux acteurs dans la “fabrique” du droit que sont les entreprises transnationales, ou les “populations locales”, simples personnes proches d’un projet industriel par exemple, ou encore les lawyers qui élaborent des grands contrats ou des sentences arbitrales, à coté des acteurs plus anciens et toujours très presents que sont les Etats et les organisations internationales.

Organiser une fabrique de ce droit , c’est permettre à des collectifs divers regroupants ces nouveaux acteurs de participer à l’élaboration du droit transnational (les grands contrats, la justice internationale, les principes de droit, les traités internationaux).

Voir une présentation video en 37 minutes de ce qu’est le droit transnational (séminaire ENS : DES MÉTHODES DES PRATICIENS DU DROIT GLOBAL AUX MÉTHODES DE LA SCIENCE DU DROIT TRANSNATIONAL – PAR GILLES LHUILIER
https://www.canal-u.tv/video/fmsh/des_methodes_des_praticiens_du_droit_global_aux_methodes_de_la_science_du_droit_transnational_par_gilles_lhuilier.44131

4 . Comment utiliser fablab-lex ?

Des groupes de chercheurs/praticiens/étudiants utilisent le site de la FMSH pour fabriquer et diffuser leurs travaux (contacter Gilles Lhuilier : gilles.lhuilier@msh-paris.fr)

Pour fabriquer : ils disposent disposer d’un outil collaboratif WordPress. Ce système de gestion de contenu (SGC ou content management system (CMS) en anglais) gratuit, libre et open-source permet de travailler a plusieurs sur un projet de recherche, et d’élaborer peu a peu un texte commun, et des propositions concrètes de modification du droit transnational. Ce logiciel écrit en PHP repose sur une base de données MySQL et est a des fonctionnalités de WordPress qui lui permettent de gerer les membres du groupe, créer er gérer des discussions, déposer des fichiers, vidéos, gérer des agendas, etc. Les groupes peuvent s’interconnecter, travailler avec des groupes d’autres institutions/sites, etc

Pour diffuser : ils disposent d’une revue en ligne mais aussi d’une chaineUtube pour déposer des vidéos.